La Soucoupe de Saint-Nazaire, une salle de sport construite en 1970, semble être un véritable monument rendant hommage à la fiction des soucoupes. Cet énorme bloc de béton brut et nu rappelant les blockhaus de l’Occupation (non loin de là) se serait transfiguré en une soucoupe volante. Elle revêt d’emblée un caractère hétérotopique par sa forme extraterrestre empruntée aux OVNI de la science-fiction. La salle n’ayant subi presque aucun changement depuis son inauguration (même les fauteuils de métal sont intacts), un sentiment de permanence accompagne le visiteur. La plus grande surprise, enfin, est de constater la présence d’une grande scène. Cette salle était donc aussi une salle de spectacle. On s’amuserait volontiers à imaginer deux mille ouvriers des chantiers navals se réunir dans cette architecture spectaculaire pour s’adonner aux joies des spectacles populaires ou à l’engouement de rassemblements politiques. C’est dans cette salle désertée aux allures d’architecture soviétique que retentit un discours de Maurice Thorez qui nous rappelle un passé oublié.